
Maîtresse de conférences en anglais et didactique des langues au laboratoire ATILF (CNRS/UL) et formatrice à l’INSPÉ de Lorraine, Marie-Claire Lemarchand-Chauvin a récemment réalisé deux mobilités internationales, à Barcelone et au Maroc. Ces séjours lui ont permis de développer des partenariats, d’observer des pratiques pédagogiques novatrices et d’offrir à ses étudiantes et étudiants de nouvelles perspectives sur la formation des enseignantes et enseignants.
Marie-Claire intervient principalement dans le master MEEF premier degré à l’INSPÉ de Lorraine (campus de Montigny-lès-Metz). Ses recherches portent sur la formation des enseignantes et enseignants à travers le prisme des émotions.
Comprendre le système éducatif espagnol
Cette année, elle a participé à deux mobilités très différentes, mais complémentaires. La première, à Barcelone, s’est déroulée dans le cadre d’un programme Erasmus+, avec pour objectif de développer un partenariat avec la Faculté d’éducation de l’Université de Barcelone (Universitat de Barcelona – Facultat d’Educació).
Marie-Claire a découvert le système de formation des enseignantes et enseignants du premier degré en Espagne, sensiblement différent de celui du master MEEF en France. Après le baccalauréat, les étudiants s’inscrivent dans un cursus universitaire de quatre ans. Ils peuvent opter pour un parcours les préparant au métier d’enseignante et enseignant de maternelle, d’école élémentaire, ou encore pour un double cursus. À partir de la troisième année, ils ont la possibilité de choisir une spécialité (anglais, éducation physique et sportive, musique ou arts plastiques), qu’ils présenteront ensuite lors du concours. Une fois reçus, ils enseigneront cette discipline dans les différentes classes de l’école où ils seront affectés.
Dans ce cadre, et plus particulièrement auprès des étudiants de troisième année spécialisés en anglais, Marie-Claire a assisté à des cours de didactique de la géographie et de didactique de la musique dispensés en anglais.
Elle a également eu l’occasion de visiter une école et d’assister à des cours d’anglais, aussi bien en maternelle qu’en primaire :
« En Espagne, quand un professeur des écoles choisit la spécialité anglais, il n’enseigne que l’anglais. Il n’y a pas la polyvalence qu’on connaît en France. Les enseignants spécialisés passent dans toutes les classes de l’école, tandis que chaque élève garde un enseignant référent pour les matières principales. Les enfants ont donc plusieurs professeurs, ce qui les habitue déjà un peu au fonctionnement du collège. »
Cette immersion lui a permis de voir que, grâce à ces enseignantes et enseignants spécialisés, les élèves espagnols bénéficient d’un volume conséquent d’heures d’anglais hebdomadaires et atteignent un niveau déjà élevé dès la fin de l’école primaire.
Ces mobilités ont également été l’occasion de découvrir des nouvelles méthodes pédagogiques : la méthode Artigal à Barcelone, qui associe récit et gestuelle pour l’apprentissage de l’anglais en maternelle, et l’approche ‘Teaching at the Right Level’ (TARL), mise en place dans les écoles dites « pionnières » au Maroc, qui vise à remettre tous les élèves au niveau pendant 6 semaines en début d’année scolaire avant de reprendre les apprentissages en suivant une pédagogie dite « explicite ». Ces observations alimentent sa réflexion de chercheuse et ouvrent des pistes pour de futures recherches.
Poser les bases de partenariats au Maroc
Au Maroc, Marie-Claire a passé une semaine à Nador, invitée par le responsable du Master Didactique, Aménagement des Langues et l’IA (DALIA) à l’Université Mohammed 1er (Faculté pluridisciplinaire de Nador). Cette mission lui a offert l’occasion d’échanger autour de la recherche et de rencontrer le président de l’Université d’Oujda ainsi que des représentants de l’équivalent du rectorat et de l’inspection académique, dans le but de poser les bases de conventions de partenariat et d’ouvrir aux étudiants du Master MEEF, 1er et 2nd degrés, la possibilité d’effectuer un stage au Maroc.
Ces rencontres lui ont ouvert les portes des écoles et d’un centre de formation pour futures et futurs enseignantes et enseignants. Elle a également profité de son séjour pour se rendre à Fès, où elle a rencontré le directeur de l’École Normale Supérieure. Ensemble, ainsi qu’avec les équipes de langues et de sciences de l’éducation, ils ont exploré de nouvelles perspectives de collaboration avec l’INSPÉ de Lorraine.
« Je suis partie là-bas (au Maroc), dans un objectif de montage de partenariat […] pour qu’on puisse favoriser les mobilités parce que c’est très important pour nous, et puis surtout pour nos étudiants, de découvrir d’autres systèmes. », précise-t-elle.
Des projets concrets pour les étudiantes et étudiants
Ces mobilités renforcent l’usage de l’anglais dans le master MEEF à l’INSPÉ de Lorraine.
« Pour nos étudiants, lorsqu’ils se retrouvent en cours d’anglais et qu’ils sont avec leurs camarades, il n’y a pas vraiment de sens à parler entre eux en anglais puisque leur langue commune, c’est le français, alors que désormais, s’ils se mettent à travailler sur un projet avec des étudiants catalans, la langue commune entre eux, ça sera l’anglais […] », explique Marie-Claire.
Parmi les projets envisagés : la co-construction d’un album jeunesse avec des étudiantes et étudiants de Barcelone et de l’INSPÉ, favorisant coopération, créativité et échange interlingue.
Au Maroc, les conventions à venir permettront des échanges entre enseignantes, enseignants, étudiantes et étudiants, des stages dans les écoles locales et des futures collaborations scientifiques. Ces initiatives visent à ouvrir les futures et futurs enseignantes et enseignants à de nouvelles pratiques et à développer leur compréhension interculturelle.
Conseils pour réussir une mobilité internationale
Pour Marie-Claire, la clé est la préparation. Il faut partir avec des objectifs clairs, un ordre du jour précis et une bonne connaissance des attentes et des interlocuteurs, afin de rentabiliser pleinement un séjour court. Qu’il s’agisse d’observer un système éducatif, de monter un partenariat ou de développer un projet pédagogique, la planification est indispensable.
Ces mobilités représentent une première étape dans le développement de partenariats internationaux pour l’INSPÉ de Lorraine. Marie-Claire espère les poursuivre avec d’autres pays du Maghreb et du Nord de l’Europe, afin d’enrichir les pratiques pédagogiques et d’offrir à ses étudiants des expériences variées et stimulantes.
Procédure mobilités à l’INSPÉ
Concernant l’organisation une mobilité internationale, Marie-Claire explique :
« L’organisation d’une mission ERASMUS+ à l’étranger se déroule de manière fluide grâce au suivi attentif et à l’accompagnement de Jean-Paul Aubert, ainsi que des différents services impliqués. Le financement est également facilité : environ 80 % sont versés avant le départ et le solde est envoyé au retour. À partir du moment où le projet est précis et bien construit, toutes les démarches deviennent simples et permettent de se concentrer pleinement sur la mission elle-même. »